Le départ se rapproche. Appel incommensurable du
Le départ se rapproche.
Appel incommensurable du lointain. Sortir du quotidien, repousser les murs de
la caverne, élargir ma perception du monde, rechercher l’expérience comme un
rapprochement de la vérité.
Partir seul, pour
comprendre la solitude. Une autre solitude. C’est dans l’adversité qu’elle
rapproche avec le plus d’exigence le corps et l’esprit. Souffrir seul dans
l’épreuve, et jouir seul dans la victoire. Sans partage possible. Egoïsme ou
inéluctabilité ? Illusion du possible ou condition humaine ? Que me
vaut autrui ? Que me veut autrui ? L’Autre. Les Autres. Il y a eux,
et il y a moi.
Partir seul pour mieux
rencontrer. Quels hasards permettront à nos chemins de se croiser un
instant ? Ils existent. Là bas. Ils sont. Ils ont chacun un nom, un quotidien,
un visage, un passé.
Moi aussi, j’ai tout
cela, et je suis encore ici, avant le départ, loin. Ils ne savent pas que
j’existe. Ils n’y pensent même pas. Moi, je sais qu’ils existent, et je pense à
eux.
Pour l’instant, je me
contente de quelques témoignages, quelques descriptions piochées dans les
guides.
Un chiffre :
186 000 000. Une simple donnée démographique péchée en introduction
du Lonely planet, qui me crache mon insignifiance. Ce chiffre me dit ‘tu n’es
rien’. Et je ne le comprends pas. Il est trop grand pour moi. 1%, cela fait pas
loin de 2 millions, et c’est toujours beaucoup trop. Pourquoi rencontrerai-je
ceux-ci plutôt que ceux-là ? Nous nous trouveront simplement au même
endroit au même moment.
Je pense à eux. Parfois,
j’aimerais qu’ils m’attendent.
Et si j’avais fait un
autre choix ? Car il y a tous les autres, 186 millions, c’est 3% !
Parlez-moi de hasards ! A quoi tout cela tient-il ? A rien ?
Dois-je trembler devant
cet autre chiffre : 55 000 assassinats par an ? Il ne m’inspire pas
plus que le premier. La vie n’a pas la même valeur, mais aux yeux de qui ?
Qui suis-je, quand mon portefeuille vaut plus que ma vie ?
Un bain d’humilité est
toujours bon à prendre. Pourtant, son eau est froide. Elle n’a pas cette
chaleur mordante agréable sur la peau, ce réconfort haute sécurité qui apaise
le corps et murmure à l’esprit ‘tu n’as rien à craindre’.
Mais quand l’eau est
brûlante, il y a de la vapeur !